Loana, un petit loft et puis s'en va ?


Cédric Matthey

Une biographie, une bio…logique et en tous les cas suffisamment comestible pour le commun des lecteurs. Nègre ou pas, n'est pas aigre qui veut dans le royaume des ouvrages éphémères. Ni putain, ni garce…une femme d'aujourd'hui, simplement…ballottée entre ses rêves de jeunes filles et une réalité morne, pesante et sans relief que la petite pas encore bimbo s'essaya à fuir, morose…overdose de médicaments…uniquement…et par deux fois ramenée à la vie…miraculeusement.

Un avatar…de star…une Marylin de banlieue…comme un cliché, une tignasse blonde campée sur des formes voluptueuses. Anti-vamp celle qui découvre les feux de la rampe, allumeuse comme un jeu de langueurs paresseuses, s'affirme au fil du temps comme l'idole de tous…l'idole fragile que la vie a blessé, s'élève au-dessus des nuées, et tente de percer le secret, mystère d'une courte vie faite d'abandon, de trahison et aussi, forcément, d'éclats de lumière.

Loana, un son, un mot prononcé qui se délie doucement pour finir dans un soupir…un prénom-chuchotement, brise délicate déployée dans l'azur infini du ciel niçois sous lequel la fille-fleur s'essaya à la vie. Danser sur les podiums, paillettes et maquillage en guise d'ultime illusion, s'offrir aux regards, comme un masque triste camouflant mal les blessures de la vie.

Un père violent, une mère absente, trahison de fausses amies, amoureux éconduit ou amant qui se détache, suicide…morbide…le vide évité de justesse. Aléas d'une existence trop tôt dramatique, plongée dans les abîmes d'une détresse insoupçonnée, mais la femme-enfant mûrit, s'affirme avec détermination, reprend pied, qu'elle a décidément bien sur terre. Rien d'une caricature de Marilyn, son idole, et pourtant, peut s'en faut que la sinistre faucheuse réunisse dans un même destin ces deux blondeurs fragiles.

Une étoile en devenir, frêle esquif poussé par le mistral d'une célébrité naissante, s'engouffre dans le star system, happée par la vague d'une notoriété trop facilement acquise…personne ne lui fera de cadeau…l'officialité du show biz se rebiffe…renâcle et s'insurge…vain combat car elle est celle que les gens ont voulue et choisie, celle à laquelle le petit peuple s'identifie.

Caricature d'intellectualisme bon chic bon genre qui n'eut point assez de verve ni de morgue ostentatoire pour dénigrer cette enfant de nulle part, comme si sortir de la fange était un crime honteux ! Ô odieuse insolence d'une blonde roturière, issue de rien, venant côtoyer les nantis d'une vie surfaite où les faux-semblants règnent en maîtres. Accusations trop faciles, méprisantes, sur le silicone d'une partie de son corps, qui blessèrent la fée qui n'est ni "silly" ni conne.

Mais la femme-enfant s'accroche, profite à fond d'une gloire peut-être pas vraiment méritée, certainement éphémère…qu'importe. Pour celle qui comptait chaque sou, cette vie-là vaut quoiqu'il en soit mieux que l'ancienne. Elle fait la une des magazines, squatte les plateaux de télévision, elle est la p'tite unique qui mène fièrement sa barque fendant les flots d'une renommée qui, y parviendra-t-elle, ne doit pas la submerger.

Effet de mode, pas très net, le surf sur Internet, elle ouvre son site comme son cœur, à la recherche d'une reconnaissance qu'on lui a trop longtemps refusée, la blondasse-pétasse décriée par une certaine presse, se révèle être un cœur fragile…à prendre…apprendre vite, rattraper le temps perdu, se jeter à corps perdu dans la vie publique…un public que peut enfin choisir elle-même la fille pudique.

Go-go danseuse, lofteuse, ces qualificatifs peu gratifiants laisseront-ils enfin place aux accents sincères qui perce déjà au travers d'une personnalité simple et émouvante, levain d'une vie pleine de promesses, pour celle que sa mère appelait "miette"…



©2002 Cédric Matthey
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