Tout va bien


Tyler Durden (*)

Personnellement, le cinéma français m'a toujours plu. Bien sûr, j'ai détesté les grosses bastringues à l'américaine, les comédies bien grasses, sentant bon le camembert et le gros rouge. Mais j'ai toujours eu un faible pour le cinéma intimiste français. Je trouve qu'il a un doux parfum de sobriété, d'humilité face à ce qu'il cherche à décrire (j'en profite pour vous inviter à voir ou revoir l'oeuvre de Claude Sautet, décédé récemment).

La vie, dit-on, est pleine de surprises. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises, elles donnent à nos quelques jours d'existence un goût inoubliable. Parfois, nous avons l'impression d'être courageux. Cela nous arrive en général quand, en dépit des règles socialement admises, nous décidons d'être nous-mêmes, d'être vrais.

Voilà à quoi touche " Tout va bien ". Ce petit bijou nous gagne par sa simplicité et sa vérité. Sans prétention, il regarde à travers des yeux d'enfants la dureté de la vie :

Trois soeurs vivent tant bien que mal, leur mère morte et leur père les ayant abandonnées quinze ans plus tôt. L'aînée a repris la salle de danse des parents, mais celle-ci bat de l'aile. La deuxième mène une vie de femme active, ramenant l'essentiel de l'argent et la cadette vit dans un squat, faisant des performances dans la rue tout en travaillant son piano, dernier souvenir de son père.
Sur le quai de la gare, un vieil homme descend du train. Il est seul, un peu perdu. Il emmène avec lui une petite valise et un calepin. Au milieu de ses pages vide, un numéro de téléphone, celui de sa fille, sa cadette.
De là, comment effacer quinze ans d'absence, comment leur faire comprendre et, surtout, comment retrouver une petite place ?
La suite est une affaire entre vous et la salle noire la plus proche.

A noter l'interprétation sans faille de Miou-Miou, Sandrine Kiberlain et Natacha Régnier, trois soeurs à la Tchekhov, trois femmes splendides dans leur tristesse. Sans oublier Michel Piccoli, époustouflant.

La construction de ce film nous laisse rivé à notre siège. Subtil, sans voyeurisme ni mélo, il nous livre une leçon de vie magistrale. Quand les lumières se rallument, il nous reste cette douce saveur d'infini qui fait les chefs d'oeuvre.


* Tyler Durden est un pseudonyme. L'identité de l'auteur est connue de la rédaction.



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